J.Ciccolini

IRIS POSTE A GALENE MARSEILLE MARS 1999
C'est au Poste à Galène, petit club marseillais plus connu pour ses festivals Hip-Hop ou ses soirées dark-trash-burp Metal, qu'IRIS avait donné rendez-vous pour la deuxième fois à son public sudiste. Une bonne centaine de fans s'était déplacée pour l'occasion, peu de têtes de l'époque ARRAKEEN (si ce n'est la présence discrète d'Yves Dartayron dans la foule), le passé est bien mort et l'heure n'est semble t'il plus à la nostalgie !

Première surprise (pour qui avait raté le premier concert de Luynes) à l'arrivée des musiciens sur le coup des 22H : la présence d'un second guitariste sur les planches, choix pouvant au premier abord paraître curieux mais qui est extrêmement révélateur de la volonté de Sylvain Gouvernaire de ne pas faire passer IRIS pour une simple formation-support construite autour d'un guitar-heroe. L'architecture même de la musique du groupe procède d'un état d'esprit similaire : au niveau de l'écriture tout d'abord, qui bien qu'à forte dominante instrumentale préserve un juste équilibre entre les différents instruments, ou plus simplement lors des interventions scéniques de Sylvain, délivrant des solos sans fioritures, loin de tout tape-à-l'œil ostentatoire.

Combien de musiciens disposant d'un tel bagage assommeraient pourtant leur public avec des démonstrations " verbeuses " sensées mettre en valeur leurs prouesses guitaristiques ? Le groupe ayant connu pas mal de fluctuations de personnel au cours de sa courte carrière, un petit état des lieux s'avère nécessaire : outre Michel Beut à la deuxième guitare on peut reconnaître Stephane Béchet derrière les fûts (pas un inconnu celui-là, il maltraitait déjà ses peaux pour SYRINX, groupe de hard-prog' style RUSH, il y a une dizaine d'années de cela), Christian Bétaille (un petit air de frangin Payssan) à la basse et Hervé Cosentino aux claviers.

La première partie du concert sera en fait consacrée aux seuls titres de l'album, laissant peu de place à l'improvisation : Indian Dream, Obsession, Crossing the Desert s'enchaînent comme à la parade, émaillés ça et là d'incidents techniques (le général saute à deux reprises) et un peu entachés par un son guère fameux en façade. Si Memory Of Eagles ravira tous les Vénérables Anciens (bon O.K, ARRAKEEN ne l'avait joué qu'une fois, mais quand même !), Tap On Top s'avère géniallissime sur scène, alors que le morceau est un petit peu décalé sur le CD.

Vont se succéder ensuite une demi-douzaine de nouveaux titres, nouvelles compos qui vont un peu déstabiliser les fans tant la cassure est prononcée avec les premiers morceaux. Le choix de scinder ainsi la set-list en deux y est sans doute également pour beaucoup, mais il est indéniable que Big Bang, Stop de Wasting, Disorder pour ne citer qu'eux marquent un orientation beaucoup plus rock (tempo rapide, rythmique rentre-dedans), moins planante que ce à quoi IRIS nous avait habitué. Quant au chant (car les nouveaux titres sont tous chantés, autre changement de taille), difficile de porter un jugement sur une seule prestation.

Mais le pari peut s'avérer gagnant, comme en témoigne le sublime Colibri's Cape qui clôtura le set : Sylvain trouve alors le ton juste, place sa voix là où il faut, pour ce qui sera sans problème le meilleur des nouveaux titres joués ce soir-là.

IRIS en une quinzaine de titres nous a donc dévoilé toute l'étendue de ses capacités. Techniquement parfaite, la formation montre que Sylvain a finalement trouvé la bonne formule, après pas mal d'essais.

Quant à la suite de l'histoire, les nouveaux titres révèlent un désir assez net de taper plus large (titres plus concis, tempos enlevés, morceaux chantés). Un virage délicat sera alors à négocier : IRIS avait su se forger un son unique et immédiatement identifiable sur Crossing The Desert. Opter pour des formats plus conventionnels (sans que ce soit péjoratif) risque de diluer l'originalité du groupe et de prendre trop tôt à contre-pied le beau public que le groupe a commencé à se forger. C'est donc avec impatience que l'on attend la suite !

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